Ce recueil illustré de dessins à la mine de plomb de Jué (d'où son titre) comporte deux parties : deux grosses douzaines de chansonnettes et une bonne dizaine de portraits en prose.
Les Chansonnettes de rien (le diminutif et la négation affirment la volonté de ne pas trop se prendre au sérieux) reprennent avec malice la forme et le ton des rengaines populaires, mais elles rompent de façon radicale avec les thèmes et le clichés qu'on pourrait attendre d'une « poésie féminine » (si tant est que ça existe). Elles sont pleines de méchanceté et d'esprit (de mauvais esprit), un peu comme ces pastourelles médiévales où la bergère rembarre crûment le noble cavalier qui la courtise, sauf qu'ici c'est elle qui drague ouvertement le gentilhomme, en « patois » bien sûr. Elles affirment tout aussi crûment le droit des femmes à exprimer leur désir sans détour. On aurait tort cependant de les réduire à leur aspect provocateur. Ces chansonnettes peuvent être aussi chansons d'amour sincère, même s'il est formulé dans le langage des simples.
Quant aux Portraits photosensibles, ce sont de petits contes burlesques, des portraits fantaisistes de créatures imaginaires, comme le caméléon polyglotte qui prend l'accent de ses interlocuteurs ou l'épitaphographe qui rédige avec virtuosité les quelques mots qu'on mettra sur la tombe d'un disparu. La définition de son cahier des charges forme un embryon d'art poétique qui vaut aussi, peut-être, pour la poétesse elle-même : « Sensibilité, concision, poésie, voilà ce qu'il faut pour faire ce métier. »
Mina de plomb, Mina de ren
Autor : Chapduelh, Cecila
Lenga : Occitan (lemosin) – francés
Parucion : 06/2023
Editor : Jorn
Nb de pajas : 101
Format : 14 x 22 cm
Poids : 146 g
ISBN : 9782905213563